L'énigme de la pierre de dragon by Ténor Arthur

Auteur:Ténor, Arthur [Ténor, Arthur]
La langue: fra
Format: epub
Tags: Jeunesse, Littérature française, Roman historique, + 10 ans
Éditeur: Nathan
Publié: 2007-12-14T23:00:00+00:00

Au même instant, au deuxième étage, Apollonius Thain terminait sa prière du soir agenouillé sur le prie-Dieu, la nuque humblement courbée. Il logeait seul dans une petite chambre guère mieux aménagée qu’une cellule de cloître. Mais cela lui convenait parfaitement. Il se leva, l’esprit tourmenté par les événements de la soirée, car il était partagé entre le détachement et le furieux désir de ramener au grand maître de l’ordre du Temple un exemplaire de la légendaire draconite. Jean, son écuyer, lui avait sagement suggéré de laisser le hasard, c’est-à-dire le Seigneur, en décider. Pourtant, cela n’avait en rien résolu son dilemme.

Il s’assit sur son lit en proie à une subite inquiétude : et si c’était le diable qui lui inspirait cette convoitise ? Il devrait s’en ouvrir à Jean, et lui suggérer de retourner à leur commanderie de Montdoubleau. C’est alors que sa porte s’ouvrit lentement, émettant un sinistre grincement.

– Jean ? Aurais-tu perçu mon agitation ? J’allais justement…

Il s’interrompit en voyant apparaître non pas son écuyer, mais un moine en robe noire, dont la capuche relevée ne laissait rien voir de la figure. Quant à ses mains, elles étaient dissimulées dans ses amples manches. À cette vision, l’estomac d’Apollonius se contracta de terreur instinctive.

– Bonsoir, mon père. Que se passe-t-il ? balbutia-t-il.

Le moine se planta au milieu de la pièce. Une voix grave sortit de la sombre capuche :

– Je viens te chercher.

– Me chercher ? Voyons, pourquoi ?

– Pour ton dernier voyage.

Apollonius pensa avec effroi que cette silhouette était peut-être la Mort.

– Que voulez-vous dire ?

– Allons, Apollonius Thain, tu as fort bien compris.

– Mon père, c’est… trop tôt. J’ai encore… Oh Dieu ! c’est une attrape, n’est-ce pas ?

Le vieil homme saisit d’une main tremblante la chandelle posée sur le tabouret, et la leva de façon à éclairer le visage du moine. Mais il ne vit rien, rien de plus qu’un vide de ténèbres. Apollonius recula. Le sang avait reflué de son visage et une atroce douleur étreignit sa poitrine.

– Non, pas vous… pas la Mort ! gémit-il en tendant une main crispée vers le moine.

– Il est temps, Apollonius, répéta ce dernier.

Il s’avança. Le Templier buta contre son lit, écarquilla les yeux, se réfugia comme une bête terrifiée dans un coin de mur, puis il émit une interminable et lancinante plainte de détresse.

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